Pat The White
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

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Pat c’est la première fois que tu franchis l’océan Atlantique pour venir te produire en Europe. Que cela représente-t-il pour toi ?
C’est un pas de plus pour moi. J’ai déjà beaucoup tourné au Québec, au Canada, aux USA et je suis allé deux fois en Guadeloupe. Le fait de pouvoir traverser l’océan est vraiment « cool » car je vais enfin pouvoir agrandir mon public. Dans l’avenir je vais essayer de revenir souvent ici afin de faire des tournées…

La scène Blues québécoise est de très bonne qualité mais elle est peu connue en Europe. Cette tournée pourrait aussi te positionner comme étant le fer de lance de cette scène en Europe…
Oui j’aimerais bien…
Le Blues marche très bien au Québec en été. En cette saison, il y a beaucoup de Festivals.
Il est, cependant, difficile d’en vivre. De ce fait, tu dois aller jouer un peu partout  si tu veux que la musique devienne ton gagne pain.
C’est vraiment formidable de venir en Europe. Je suis très content que de nouvelles personnes puissent me découvrir à cette occasion.

Justement, peux-tu revenir sur la scène Blues québécoise. Quels sont les grands artistes qui la constituent ?
Il y a Bob Walsh qui est un peu le BB King du Québec. Il y a aussi un mec un peu plus vieux que moi, qui doit avoir 36 ans, dont le nom est Steve Hill. Ce dernier est un excellent guitariste qui, actuellement, est plus dans le Rock. C’est vraiment une figure montante…
Il y a vraiment une relève importante à l’image d’un jeune de 17 ans, dont le nom est Ricky Paquet. Quand tu l’entends jouer, tu ne peux pas t’imaginer qu’il soit aussi jeune. On dirait qu’il a plus de 50 ans tant il est professionnel…

Est-ce que vous vous connaissez tous. Formez-vous un petit clan, une famille ?
Oui car si le Québec est un grand territoire nous sommes, finalement, peu de musiciens. De ce fait, on fini toujours par voir les mêmes têtes et nous échangeons beaucoup.
J’ai vécu pendant plusieurs années dans la ville de Québec qui, comparativement à Montréal, propose une vraie compétition entre les musiciens. Le rapprochement entre eux y est assez facile…

Inversement, les artistes de Blues français sont-ils réputés au Québec. En as-tu rencontré, en connais-tu ?
Non, je n’ai jamais vu d’artiste français par contre je connais des gens tels que Jean-Jacques Milteau, Patrick Verbeke, Mais sans plus…

D’où viens-tu exactement au Québec et de quelle manière t’es-tu lancé dans l’apprentissage de la musique ?
Je suis né en Gaspésie qui est une péninsule située à l’est du Québec. Le Blues n’y était vraiment pas une musique populaire quand j’étais enfant. C’était la Country Music qui y régnait…
Mes oncles étaient des guitaristes de Country. C’est avec eux que j’ai appris à jouer alors que je devais avoir 10 ans. C’est à l’âge de 12ans que j’ai eu ma première guitare et il m’arrivait d’accompagner mes oncles dans les petites soirées comme les mariages…
Un jour un Festival de Blues, le Maximum Blues de Carleton, est arrivé et je suis allé assister à la première édition. J’ai eu un véritable coup de foudre pour cette musique et cela ne m’a plus lâché. J’ai décidé d’arrêter la Country Music pour me consacrer au Blues…
Par la suite j’ai fondé mon premier groupe en Gaspésie avant de partir en ville, à Montréal puis à Québec.
Je me suis fait un nom là-bas et voilà…

Te souviens-tu du premier bluesman que tu as vu sur scène ?
C’était un musicien de Gaspésie dont le nom est Norman Parent.

As-tu encore des réminiscences de la musique Country en toi. T’arrive-t-il d’en faire actuellement ?
Oui, d’ailleurs dans mon phrasé et dans mon Blues il y a encore de bonnes traces de Country !

Quelles ont été tes premières influences musicales dans le Blues ?
J’ai découvert le Blues, comme beaucoup de jeunes de ma génération, via Stevie Ray Vaughan.
J’ai acheté un de ses disques puis j’ai voulu en savoir plus sur ses influences. Je me suis donc mis à écouter Albert Collins, BB King, jusqu’à Robert Johnson…
J’ai donc acheté et décrypté tous ses albums. Quand mes copains me téléphonaient, je leur disais que je ne pouvais pas sortir. Je préférais rester chez moi à jouer de la guitare et à écouter tous ces albums…

Peux-tu revenir sur tes débuts en tant que professionnel ?
Cela remonte à mon arrivée à Québec. J’ai commencé dans les petits Pubs. Au fur et à mesure que mon nom devenait connu, on a commencé à m’appeler pour participer à des Festivals. Quand je suis arrivé à Québec, je n’avais pas mon propre groupe.
J’en ai intégré un dont j’étais le guitariste. Après quelques années passées au sein de ce combo, j’ai décidé de partir avec le bassiste et le batteur afin de fonder mon propre groupe et de débuter ma carrière solo.

Cela remonte à combien de temps ?
C’était en 2000...
J’ai enregistré mon premier disque, qui était très Blues, en 2002 sur le label Bros.
Je n’ai pas arrêté de jouer tout en découvrant un son plus Rock des années 70 avec des groupes tels que les Allman Brothers. Tout ceci pour en arriver à mon nouveau disque qui s’appelle « Reviver » au Québec alors qu’en Europe, il a été baptisé « The Quebec City Sessions ».

Avant ton concert d’hier nous parlions ensemble d’une de mes chanteuses préférées, à savoir Nanette Workman. Il s’avère que tu la connais bien et que tu as eu l’occasion de collaborer avec elle…
Oui, c’était en 2002 au Festival de Blues de Carleton en Gaspésie. Nanette y était présente et le Directeur de la manifestation a eu l’idée d’emmener 3 groupes de Gaspésie dans la Mississippi d’où est originaire Nanette. Nous y sommes allés et elle nous a fait visiter de nombreux endroits. Nous avons joué là-bas et rencontré de nombreux bluesmen extraordinaires. Il y en a un qui venait chaque matin me chercher avec sa camionnette.  Nous visitions les ghettos noirs, c’était très spécial…
Il y a encore beaucoup de racistes là-bas et le chemin de fer sépare la ville en deux. D’un côté tu as les blancs et de l’autre les noirs…
Comme je fréquentais le côté afro-américain, tous les noirs me regardaient bizarrement. Mon guide les rassurait en disant que j’étais blanc mais que j’étais aussi un bluesman. Donc qu’il n’y avait pas de problème à avoir avec moi. De ce fait, j’ai été accepté et cela a été une expérience vraiment unique …

Quelle est la notoriété de Nanette Workman aux USA. Les gens connaissent-ils encore cette artiste là-bas ?
Oui elle est connue aux USA mais elle l’est encore plus au Québec. Elle y vit depuis très longtemps et y a sorti de nombreux disques. C’est une artiste superbe qui - avant d’être chanteuse - était choriste pour les Rolling Stones, Joe Cocker, Neil Young etc…
Elle a eu une vie très Rock’n’roll et sa voix est hallucinante !!!
Elle est un peu une mère pour les musiciens québécois de ma génération. Quand nous étions aux USA ensemble, elle prenait soin de nous et nous a appris beaucoup de choses sur le métier et sur la scène.
Par la suite elle est venue sur mon premier disque et j’ai également chanté sur l’un de ses albums.

Comment s’est faite la connexion avec ton label européen Dixiefrog ?
Je ne sais pas exactement qui a découvert mon disque (sorti au Québec en 2006) mais cette personne l’a présenté à Dixiefrog. Le label a immédiatement contacté les Productions Bros au Québec et le disque a pu être distribué ici…
J’en suis très heureux car, de ce fait, le CD est distribué dans toute l’Europe !

De quelle manière travailles-tu sur tes chansons ?
Pour les textes, nous nous retrouvions chez moi, autour d’une bonne bouteille de vin, avec mon guitariste André Lavergne et le parolier Randall Spear. Nous jouions de la guitare ensemble, je leur présentais les riffs que j’avais en tête. Randall écrit tellement rapidement qu’en une seule soirée nous terminions presque une chanson complète. Nous nous voyions toutes les semaines…

On ne va pas trahir un secret en disant que tu as « américanisé » ton nom. Tu as aussi décidé de chanter en anglais. Pourquoi ce choix alors que le Québec porte haut les couleurs de la francophonie ?
Mon vrai nom est Patrick Leblanc.
Le fait de chanter en anglais n’est pas un choix. C’est venu de façon naturelle car dès l’enfance, nous jouions de la Country américaine avec mes oncles. Il m’est déjà arrivé de chanter en français mais il est plus naturel pour moi de le faire en anglais qui est le langage original du Blues.

Ton premier album est dans un registre Blues traditionnel, le second Blues-Rocks des années 70. Quelles sont les couleurs musicales que tu souhaiterais donner à tes prochains enregistrements ?
J’écris actuellement mon troisième album qui va rester dans cette vaine là, peut être même un peu plus Rock. Les guitares seront un peu plus méchantes (rires).

Ceci est-il représentatif du Blues tel qu’il se pratique aujourd’hui au Québec ?
Oui là-bas la tendance est vraiment de donner un visage très Rock au Blues que l’on pratique.

Outre ce prochain album, quels sont tes projets ?
Une tournée dans le nord de la Floride et en Georgie au mois d’octobre 2008. C’est l’endroit d’où proviennent les Allman Brothers qui est mon groupe de référence. Je pense que mon style musical passera très bien là-bas…

As-tu une conclusion à ajouter ou une précision à apporter à cet entretien ?
Je voulais remercier tous les gens qui m’ont permis de sortir mon disque ici et de faire une tournée française. C’est très « cool » pour moi et je suis très content de tout cela…

Remerciements : A mon ami Francis Campello, Luc Heller ainsi qu’à Pat pour les deux superbes journées (et soirées!) passées en votre compagnie !

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Interview réalisée
au Studio de RDL Colmar
le 9 avril 2008

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

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